Etrangement poétique, DOUCE MORPHINE est le genre de groupe qui interpelle l'auditeur par les sentiments. Ponctuée d'approches fort personnelles les notes qui découlent de cette formation n'interpellent pas forcément l'auditeur en quête de corde raide mais s'abdique volontiers aux fans de romantismes. Le tout se cache derrière un concept déjà bien programmé dont ma curiosité s'est vue interpellée.
Entretien à été réalisé avec Matthieu (guitariste, chanteur, programmeur) en février 2004.

 

 

 

 

Peut on commencer par un retour à l'aube de DOUCE MORPHINE en passant par la présentation des âmes qui l'entourent...

 

Le groupe est constitué de 4 personnes : Flore au chant, Clément à la batterie, Rémi à la basse Matthieu, à la guitare, aux programmations et au "chant". Flore et Matthieu ont fondé le groupe en 2000. Rémi et Clément nous ont rejoint en 2003.

 

Pourquoi avoir choisi ce nom DOUCE MORPHINE ? Que représente-t-il ? Qu'est ce qui est une douce morphine ?

 

Ce nom de groupe a une valeur uniquement poétique. Nous trouvions qu'il sonnait bien. Symboliquement, il représente l'essence du groupe : la séparation entre la chair et l'esprit, entre le réel et les rêves. Nous l'avons extrait d'un vers d'une des premières chansons du groupe : « La déchirure ». Nous n’avons pas de douce morphine. La morphine est-elle si douce que cela ou bien est-ce l’inverse ? C’est à la fois un paradoxe et un pléonasme…

Le stock des noms de groupes originaux a été épuisé depuis longtemps =)

 

Vous évoluez dans un style bien particulier au nom étrange. Par quoi l'auditeur doit il traduire et comprendre "métal  spleenien" ?

 

Nous avons inventé ce mot pour essayer de décrire ce à quoi notre musique nous faisait penser. Nous avons encore des discussions sur ce sujet. Notre musique pourrait se rapprocher d’un mélange de métal atmosphérique (plus atmosphérique que métal sur cd, et quand même très métal sur scène), de doom et de poésie romantique noire, avec une pointe de Nature. C’est compliqué. Mais ce serait plutôt à vous, auditeurs et zines, de nous trouver un genre qui colle. Nous jouons du Douce Morphine. En effet, nous prévoyons de fortement évoluer notre style musical au cours des prochaines productions.

 

La recherche poétique semble importante dans l'esprit de DOUCE MORPHINE, que ce soit au niveau des textes chantés ou sous forme de poèmes...

 

La poésie est une part intégrante du concept du groupe. Les textes sont des poèmes (en vers ou en prose). Et certains de ces poèmes sont inspirés de nouvelles que Matthieu a écrites. Et le tout repose sur une recherche philosophique, mais surtout poétique et rêveuse, d’un monde idéal dans l’esprit de tout un chacun.

 

Vous touchez aussi au dessin ! Doit on voir en DOUCE MORPHINE au delà d'un groupe, une sorte de "projet artistique" ?

 

Effectivement. Tous les moyens sont bons pour servir notre projet. Même s’ils ne tiennent pas sur un cd (nous avons réalisé des tableaux pour illustrer « Du Mal de Vivre ». Et nous prévoyons de réaliser un clip en animation 2D pour « Obsessions Tristes », une des chansons de l’album.

 

Février va être la sortie de votre premier album "Du Mal de Vivre". Celui-ci repose sur un concept s'attachant à des valeurs qui méritent attention. Tu pourrais développer sur le sujet...

 

Voici comment nous décrivons notre univers :

« Face à un monde en plein marasme, voire totalement décadent, la Nature y est un objet économique parmi tant d'autres. Le monstre humain y domine et écrase tout sous lui. Or il existe pourtant des êtres sensibles et particuliers, dans cette « humanité », qui rêvent à un monde meilleur en harmonie avec notre Mère nourricière. Ce monde, ils le vivent. Plus ils rêvent et plus la réalité leur semble terne et lugubre. C'est pourquoi ils se réfugient de plus en plus dans ce songe merveilleux d'une Nature intacte et pure où la chair est bannie et seul l'esprit peut vagabonder. »

Nous avons prévu de développer cet univers sur trois albums : de la création de cet univers, au moyen d’y accéder, et à sa description.

« Du Mal de Vivre » raconte comment y accéder par la récapitulation de tous les maux physiques et moraux que l’on a pu ressentir dans son existence. Une récapitulation plutôt lasse et terne, comme si notre personnage était pressé de passer de l’autre côté du miroir.

 

Quels sont les groupes, écrivains, penseurs ou autres qui ont fondés les bases de vos écrits et vos pensées ?

 

Nous ne sommes pas sûr de savoir répondre à cette question. Baudelaire serait en tête de liste, bien que Matthieu (l'auteur des textes) souhaite s'en détacher. Nous espérons avoir notre propre vision du spleen (la réalité) et de l’idéal (mes rêves). Au niveau musical, nous ne citerons pas de nom car cela n’avancerait à rien dans la compréhension du groupe. Désolé… Nous puisons notre inspiration dans le vécu et les atmosphères plutôt que dans la musique d’autrui.

 

Vous semblez très attaché à partager votre musique directement en concert. Aussi, comment se traduit l'accueil de la foule face à DOUCE MORPHINE ?

 

Nous avons fait peu de concerts pour le moment. Nous ne parlerons pas de la période duo. En tant que quatuor, nous allons commencer à donner de concerts. Nous espérons que l’accueil sera aussi chaleureux que celui de nos maquettes sur le net.

Nous avons décidé d’acquérir une expérience scénique et de mûrir avant de retourner enregistrer quelque chose.

 

Quel regard portez vous sur la scène doom/atmo française ? Y a t'il des groupes pour lesquels vous avez de l'estime ou simplement de l'intérêt ?

 

La scène française possède de très bons groupes. Les plus connus, que nous admirons, sont The Old Dead Tree, Kemet et Dying Tears. Il y a aussi Inhepsie qui est moins connu et qui pourrait se rapprocher de ce que nous faisons. Et de jeunes groupes, comme nous, commencent à faire parler d’eux. J’en cite quelques-uns : C-Rom, Lethian Dreams... Nous sommes assez ouverts musicalement.

 

Revenons sur votre album, en s'attardant sur un plan plus technique. Par où êtes vous passé pour l'enregistrer et quelles sont les différences pour ceux qui vous connaissent déjà que l'on pourra trouver avec vos précédentes démos ?

 

Son visuel reprend celui laissait par votre démo "spleen" avec cet arbre mort...

Nous avons tout enregistré dans le "home-studio" de Matthieu. Seules les voix ont été enregistrées en studio professionnel (dans la région orléanaise). Puis nous avons mixé sur ordinateur. Par rapport à la technique utilisée pour les démos (notamment « Douce Morphine » et « Cœur Sombre », rien n’a changé. Seule l'expérience d’enregistrement et la technique de Matthieu ont évoluées. La démo « Spleen » (à ne pas confondre avec le maxi « SPLEEN », tout en majuscules) a été entièrement enregistrées dans des conditions quasi live en une seule nuit, et la qualité du son s’en ressent.

Lorsque la maquette de l’album a été finalisée, et le groupe complété, nous avons édité le maxi « SPLEEN » pour que les auditeurs puissent patienter le temps de finir la production de l’album.

Sur l’album, par rapport au maxi, les guitares sont plus présentes, les voix moins en avant, et les batteries cognent moins. Le fait d’avoir sous mixé les voix laisse respirer la musique.

 

C’est la pochette du maxi qui reprend celle de l’album. Car cette dernière était prête avant l’édition du maxi. Nous avons simplifié le graphisme du maxi afin de pouvoir le dissocier de l’album. En effet, le maxi contient des morceaux de l’album sous forme maquette.

Et il ne s’agit pas d’un arbre mort, mais d’un arbre en sommeil hivernal. Tout comme l’âme de ceux qui passent dans ce monde, avant de rejoindre ou non le monde de leurs rêves.

 

L'utiliserez vous pour démarcher les labels ? L'aviez vous fait avec "Spleen" ?

 

En fait, nous avons démarché les labels avec la maquette de l’album, les morceaux de « SPLEEN » en sont extraits.

Nous souhaitons auto produire totalement l’album, gagner en expérience, tant scénique que musicale, et ensuite nous envisagerons à nouveau de nous tourner vers un label.

 

Que représente pour vous DOUCE MORPHINE ? Le groupe en lui-même et les membres qui le composent ?

 

Doue Morphine représente une génération de jeunes gens pleins de désillusions. Nous avons nos rêves et espérons les voir se réaliser. Mais pour l’instant nous n’avons trouvé que le terrain de nos esprits tortueux et notre musique. L’humanité n’est pas encore prête à laisser le pas à la Nature et cesser de tout briser sous elle.

 

Sous quel regard, percevez vous la présence de l'espèce humaine sur terre ? Est ce que cela vous affecte à un certain niveau...

 

Nous sommes affectés par la destruction quotidienne de notre environnement et le non respect de l’équilibre planétaire. Mais nous ne pouvons rien faire à notre échelle. Seulement constater et agir à notre façon (c’est-à-dire presque néant). Attendons…

L’humanité est en perpétuelle condition de surpopulation, d’où cette agressivité permanente des uns envers les autres. La passion de détruire. C’est triste.

 

Avant de finir, y a t'il des pensées que vous aimeriez partager avec nos lecteurs...

 

Notre musique vous est dédiée. Et n’hésitez surtout pas à nous contacter pour nous donner votre avis. Il peut nous faire évoluer et nous aider dans notre démarche.

 

Voilà, je te remercie de m'avoir accordé ce temps et te laisse cette plume d'aujourd'hui pour conclure...

 

Merci beaucoup à La Part D’Ombre pour cet entretien. Nous vous souhaitons du courage et de la réussite dans votre honorable action.

 

>>> Le site : http://www.doucemorphine.com

>>> Lire la chronique de "Du mal de vivre"

>>> Lire la chronique de "Des mots"